J’ai réalisé la série Présence entre la France et la Pologne, dans la région
de laquelle vient ma famille éloignée. J’ai choisi la pellicule en raison de la sensibilité et la délicatesse de cette matière, qui fait ressortir l’expression des personnes et des paysages photographiés.
La présence peut tout simplement signifier l'existence physique de quelqu’un, qui est là, mais qui va peut être s’en aller, absence en puissance. On peut garder l’image de la personne qu’on a aperçue dans notre esprit sous la forme d’un souvenir, ou en la prenant en photo. Je reconstruis cette image - la situation ou bien l’état du personnage que j’ai photographié - dans mon imagination, et elle est donc effacée une fois ma pellicule développée. Les photographies en tant qu’objets physiques substituent les images gardées dans ma mémoire. Cette référence à un autre temps et un autre espace est possible grâce à un appareil photographique, qui, par le fonctionnement de la chambre noire, sert à la capture de vues du monde extérieur. Photographier une personne est pour moi fondé sur l’empathie et l’attente pour qu’elle se déploie avec toute sa vérité personnelle. Je confronte les portraits avec les paysages représentant des endroits éloignés des grandes villes, simples et authentiques, qui pourraient constituer des abris symboliques pour ces personnages.
Sur les portraits, on a souvent l’impression en tant que spectateur d’être regardé par les personnes photographiées, ou de regarder dans leurs yeux. On peut parler de la distance qui se dessine entre le spectateur et le photographié qui regardait l’objectif. Le regard nous permet quand même de lire l’activité psychologique de ce dernier qui va s’inscrire sur la pellicule. Plus la présence de la personne photographiée est marquante, plus le rapport du spectateur vers sa représentation sera profond.